Le projet NEOM : Entre promesses et désillusions

Un déplacement forcé des tribus : les fantômes de la modernité
L’aspect le plus troublant de NEOM est probablement le déplacement forcé des tribus locales, en particulier les Howeitat, qui occupent la région depuis des siècles. Ces communautés ancestrales, pour qui la terre est bien plus qu’un simple territoire, ont été brutalement expropriées pour faire place à la mégapole. Certaines familles ont vu leurs maisons démolies, et les récalcitrants se sont retrouvés confrontés à des arrestations arbitraires, voire pire.
En tant que journaliste de RAW Press, il m’est impossible de ne pas dénoncer l’ironie flagrante : un projet qui se vante de construire le futur au prix de la destruction d’un passé millénaire. Les autorités saoudiennes justifient ces actions en affirmant que ces populations doivent être « intégrées » à la modernité. Mais cette modernité, imposée sans consentement, est-elle réellement celle que les tribus souhaitent ? À mes yeux, cela ressemble davantage à une forme de colonisation interne, où les traditions et les modes de vie locaux sont sacrifiés sur l’autel de l’ambition internationale de la monarchie saoudienne.
NEOM et l’impact écologique : une vision verte illusoire
Au-delà des aspects humains, NEOM se présente comme une ville verte et durable. Mais à y regarder de plus près, ces promesses paraissent bien superficielles. Le projet s’étendra sur 26 500 kilomètres carrés dans une région désertique d’une extrême fragilité environnementale. Pour alimenter cette ville intelligente, une infrastructure gigantesque sera nécessaire, ce qui entraînera un bouleversement des écosystèmes locaux. Des habitats naturels seront détruits, des espèces animales et végétales menacées. Comment parler de durabilité quand les fondations mêmes du projet impliquent la destruction de la biodiversité de la région ?
L’utilisation de technologies vertes comme les énergies renouvelables ou la gestion de l’eau recyclée est certes louable, mais elle ne compensera jamais l’impact initial de la construction d’une telle mégalopole dans un environnement aussi délicat. En tant que défenseur d’une approche éthique dans le développement, je ne peux m’empêcher de ressentir un profond malaise. Si le projet NEOM se targue d’être l’avenir, cet avenir semble empreint de contradictions trop lourdes pour être ignorées.
Un projet politique masqué par une utopie technologique
NEOM n’est pas qu’un projet technologique ; c’est un projet politique. L’Arabie Saoudite cherche à diversifier son économie, en s’éloignant de la dépendance aux énergies fossiles, et NEOM fait partie de cette stratégie. Mais dans cette quête de modernisation rapide, le royaume semble ignorer les voix dissonantes, celles des activistes environnementaux, des défenseurs des droits humains, et bien sûr, des tribus locales. Ce mépris pour les conséquences sociales et environnementales révèle la véritable nature de NEOM : une façade éblouissante pour dissimuler un régime autoritaire en quête de légitimité internationale.
En conclusion, NEOM incarne à la fois la promesse et le péril. C’est un projet grandiose, mais il repose sur une base instable, éthiquement douteuse et écologiquement destructrice. À travers le prisme de RAW Press, il est de notre devoir de souligner que derrière les paillettes de la technologie, c’est la dignité humaine et l’équilibre naturel qui sont en jeu. Si l’Arabie Saoudite souhaite réellement s’inscrire dans un avenir durable, il lui faudra avant tout respecter les fondements mêmes de la durabilité : l’équité, le respect des populations locales, et la protection de l’environnement.
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