Genève le 5ᵉ élément

L’affrontement entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison-Blanche marque un tournant géopolitique majeur. Le président ukrainien, venu chercher un soutien inconditionnel, s’est retrouvé face à un Trump stratège, calculateur et désireux de redéfinir la relation américaine avec l’Ukraine. Fini le chèque en blanc, fini le soutien aveugle : l’Amérique de Trump veut des résultats et surtout, elle veut que l’Europe prenne ses responsabilités.
Zelensky, qui avait bénéficié du soutien quasi inconditionnel de l’administration Biden, se retrouve aujourd’hui à devoir justifier chaque dollar, chaque missile envoyé, chaque stratégie déployée. Trump, en pleine reconstruction de sa politique étrangère, semble vouloir transformer le conflit en Ukraine en un levier de négociation plus large avec la Russie, quitte à geler le conflit plutôt qu’à le prolonger. Son message est clair : les États-Unis ne veulent plus être les seuls à financer la guerre, et l’Europe doit désormais assumer une plus grande part du fardeau.
Les conséquences de cette rencontre sont immenses. Pour l’Ukraine, c’est la fin d’une époque et le début d’une incertitude totale. L’aide militaire et financière, autrefois garantie, devient une variable négociable. L’administration Trump pourrait même, dans une logique plus réaliste, pousser Kiev vers une trêve ou un compromis avec Moscou, quitte à sacrifier certains objectifs initiaux de la résistance ukrainienne. L’idée d’un soutien inconditionnel s’efface au profit d’un pragmatisme froid et calculé.
Pour l’Europe, ce revirement est un signal d’alarme. L’Union européenne, qui jusqu’ici s’est largement reposée sur le parapluie américain, doit désormais faire face à ses responsabilités. La dépendance à Washington n’est plus une option viable, et si les Européens veulent réellement peser dans l’équation ukrainienne, ils doivent investir massivement dans leur propre défense et coordination militaire. Le silence pesant des chancelleries européennes après cette rencontre en dit long sur l’état de sidération dans lequel ce basculement a plongé les dirigeants du Vieux Continent.
La Russie, de son côté, observe avec attention. Un Trump plus conciliant pourrait offrir à Poutine une fenêtre d’opportunité pour stabiliser ses gains territoriaux sans subir davantage de pressions militaires occidentales. Le Kremlin sait que l’approche transactionnelle de Trump pourrait lui permettre de négocier un statu quo plus favorable qu’avec une administration démocrate plus idéologiquement engagée dans la défense de l’Ukraine.
Mais au-delà des équilibres Washington-Kiev-Moscou, un autre acteur se trouve en position stratégique : Genève. La ville suisse, carrefour diplomatique et terrain neutre, pourrait bien être le cinquième élément de ce puzzle géopolitique. Historiquement, Genève a joué un rôle central dans la diplomatie mondiale, accueillant les grandes négociations, les pourparlers de paix et les organisations internationales. L’ONU, l’OMS, le CICR, autant d’institutions qui rappellent que la ville est un lieu où se régulent les tensions et où peuvent émerger des solutions.
Dans le cas de l’Ukraine, Genève pourrait jouer un rôle crucial en facilitant des négociations entre les différents acteurs, notamment via des médiations diplomatiques discrètes. Si Trump souhaite un deal, il aura besoin d’un terrain neutre, et Genève est l’un des rares lieux où la Russie, l’Ukraine et les puissances occidentales peuvent se rencontrer sans qu’aucune partie ne perde la face. Mais la Suisse doit aussi prendre conscience de sa position et l’utiliser à bon escient, en préservant une neutralité constructive qui ne se limite pas à l’observation passive.
RAW Press analyse cet affrontement comme le prélude d’une redéfinition des rapports de force mondiaux. La politique étrangère américaine sous Trump ne sera ni humanitaire ni idéologique : elle sera transactionnelle, pragmatique, brutale. Cette approche, qui peut séduire par son réalisme, risque cependant de fragiliser l’alliance occidentale et d’exposer l’Ukraine à un avenir plus incertain que jamais. Zelensky vient d’en faire l’expérience, de la manière la plus directe qui soit. Son défi, désormais, sera de trouver de nouveaux alliés et de redéfinir sa propre stratégie pour ne pas se retrouver isolé sur l’échiquier international. Genève, en tant que centre diplomatique, pourrait jouer un rôle plus grand qu’on ne l’imagine dans ce nouvel ordre mondial en pleine mutation.
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