COP29 : L’échec cuisant d’un monde divisé face à l’urgence climatique

La COP29, qui s’est tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, vient de s’achever sur une note amoureuse, sans aucun accord significatif. Dans un contexte d’urgence climatique de plus en plus pressant, cet échec marque une fracture profonde entre les nations et met en lumière les limites de la diplomatie environnementale.
Un sommet marqué par les tensions
Le choix de Bakou comme lieu de la COP29, symbolisant une région à cheval entre enjeux énergétiques fossiles et aspirations à la transition verte, n’a pas suffi à apaiser les divisions. Dès le départ, le sommet a été marqué par des tensions géopolitiques exacerbées :
Le financement climatique : les pays en développement, notamment des régions d’Afrique et des Caraïbes, ont dénoncé le manque de solidarité financière des grandes économies. Les 100 milliards de dollars promis annuellement par les pays riches depuis 2009 restent largement hors d’atteinte, suscitant frustration et colère.
Les énergies fossiles : certains pays producteurs, y compris l’Azerbaïdjan hôte de la COP29, ont résisté à toute tentative de réduction rapide de la consommation d’énergies fossiles. Leur argument principal : préserver leur souveraineté économique face aux demandes jugées « irréalistes ».
Les engagements climatiques : les divergences entre pays émergents et industrialisés ont éclaté au grand jour. La Chine et l’Inde ont évoqué l’absence de concessions des pays occidentaux, tandis que ces derniers pointaient du doigt le rôle des grands émetteurs dans l’inaction collective.
Un échec programmé ?
Cet échec était en partie prévisible. La COP29 a été organisée dans un contexte mondial marqué par des conflits (Ukraine, Moyen-Orient), une polarisation croissante entre blocs géopolitiques et une reprise économique encore fragile après la pandémie. Les dirigeants mondiaux semblent incapables de dépasser les querelles nationales pour se concentrer sur un enjeu commun.
À cela s’ajoute une fatigue des négociations climatiques, où chaque COP se solde par des engagements vagues ou non contraignants. Bakou n’a pas dérogé à cette règle, reflétant une profonde désillusion quant à la capacité des sommets internationaux à produire des résultats concrets.
Conséquences immédiates et risques futurs
L’absence d’accord à Bakou pourrait avoir des répercussions profondes :
Écologiques : l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C devient quasiment hors d’atteinte. Le monde se dirige désormais vers une augmentation de 2,5 à 3 °C, avec des conséquences catastrophiques pour les écosystèmes et les populations les plus vulnérables.
Politiques : cet échec risque d’accentuer la perte de crédibilité des institutions internationales, comme l’ONU, auprès des citoyens et des militants climatiques.
Socio-économiques : les catastrophes coûteront de plus en plus cher aux économies climatiques mondiales, avec des impacts disproportionnés sur les pays en développement.
Et maintenant ?
Face à cet échec, plusieurs scénarios pourraient se dessiner :
Un basculement vers des accords bilatéraux ou régionaux : l’Union européenne, certaines nations insulaires et des coalitions comme l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) pourraient intensifier leurs efforts sans attendre un consensus mondial.
Une radicalisation de l’activisme climatique : les organisations de la société civile et les jeunes militants pourraient se détourner des processus institutionnels pour adopter des tactiques plus directes, voire disruptives, afin de forcer les gouvernements à agir.
Une transformation du modèle COP : l’échec de Bakou pourrait être l’occasion de repenser le format des sommets climatiques, en incluant davantage de parties prenantes (entreprises, collectivités locales, ONG) et en instaurant des mécanismes contraignants.
Mon avis : tirer les leçons de Bakou pour l’avenir
En tant que témoin attentif du climat, l’échec de la COP29 me laisse un désarroi d’urgence absolue. La crise climatique dépasse les intérêts nationaux ou économiques, et pourtant, les dirigeants semblent incapables de transcender leurs divisions.
Il est temps de reconnaître que le modèle actuel du COP atteint ses limites. Plutôt que de se concentrer sur des déclarations générales, les futures conférences devraient privilégier des objectifs précis, des échéances claires et des sanctions en cas de non-respect des engagements.
Par ailleurs, la société civile, les communautés locales et les entreprises doivent jouer un rôle plus actif dans la transition écologique. Les États seuls ne suffiront pas à relever ce défi planétaire, et cela inclut la Suisse, qui, bien qu’étant un petit pays, peut avoir une influence majeure. En tant que centre financier mondial, la Suisse a la capacité de diriger des investissements vers des projets verts et de durcir ses réglementations sur les entreprises contribuant à la destruction environnementale. Les banques suisses, en particulier, devraient désinvestir des énergies fossiles et orienter leurs fonds vers les technologies propres ainsi que les solutions climatiques innovantes.
Sur le plan domestique, la Suisse doit intensifier ses efforts en matière de transition énergétique, en accélérant l’abandon des énergies fossiles et en améliorant sa production d’énergies renouvelables, comme l’hydroélectricité, le solaire et l’éolien. Les infrastructures locales, des bâtiments aux transports, doivent s’adapter rapidement pour devenir neutres en carbone.
Il appartient à chacun de nous d’exiger des changements radicaux et de faire pression sur nos dirigeants pour qu’ils placent enfin le climat au sommet de leurs priorités. Cela passe également par l’exemple : les citoyens suisses, connus pour leur engagement civique, peuvent agir localement en adoptant des modes de vie plus durables, en soutenant des initiatives écologiques et en participant activement aux débats politiques. La neutralité climatique doit devenir une véritable mission nationale pour la Suisse, qui pourrait, à terme, devenir un modèle.
Ma conclusion
L’échec de la COP29 à Bakou marque un tournant dangereux, mais il pourrait également être un catalyseur de changement. Si la diplomatie climatique ne se réforme pas rapidement, elle risque de devenir obsolète face à l’urgence. Mais tout n’est pas perdu : la volonté collective, si elle émerge, pourrait encore inverser la tendance. Nous avons peut-être échoué à Bakou, mais l’histoire n’est pas encore écrite.
RAW Press : Quelles leçons tirer de la COP29 ? Pensez-vous que l’échec de Bakou pourrait mener à un sursaut d’actions climatiques ? Partagez vos idées et vos espoirs avec nous en commentaires.
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