Réflexion personnelle sur le sommet des BRICS 2024

À l’approche du sommet des BRICS 2024, on se retrouve face à des enjeux politiques d’une ampleur sans précédent. Les membres de ce groupe – le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – sont en train de redéfinir l’équilibre mondial, chacun avec ses propres ambitions, mais aussi des intérêts convergents pour contester l’hégémonie occidentale. Cependant, les tensions internes et les rivalités économiques au sein même des BRICS risquent de freiner certaines décisions cruciales.

Le poids grandissant de la Chine sur cette scène internationale est indéniable. Avec son ambition de faire du yuan une monnaie internationale de référence et son influence économique massive sur le reste des pays du groupe, Pékin cherche clairement à utiliser ce forum pour asseoir sa domination économique et diplomatique. Les échanges commerciaux entre les membres devraient être un sujet clé, notamment en ce qui concerne la réduction de leur dépendance au dollar américain. Mais la question est de savoir si les autres membres accepteront de voir la Chine prendre une place de leader au sein du groupe, au détriment de leurs propres souverainetés.

De plus, le rôle de la Russie dans ce sommet est crucial. Malgré les sanctions occidentales en raison de la guerre en Ukraine, Moscou continue de renforcer ses liens avec les BRICS. Ce sommet sera l’occasion pour Vladimir Poutine de réaffirmer sa vision d’un monde multipolaire, où l’Occident n’a plus le monopole des décisions. Toutefois, je ne peux m’empêcher de penser que la Russie, bien qu’incontournable, se trouve dans une position affaiblie, dépendant de plus en plus de la Chine pour maintenir son influence internationale.

L’Inde, quant à elle, se trouve dans une position ambivalente. Narenda Modi, tout en cherchant à équilibrer les relations avec l’Occident, continue de s’investir dans les BRICS pour garantir une alternative à l’ordre mondial dominé par les États-Unis. Mais la relation sino-indienne est fragile, et le sommet pourrait révéler les fissures d’une coopération qui, bien que stratégique, reste teintée de méfiance.

Un autre enjeu de taille pour ce sommet est le renforcement des infrastructures économiques et technologiques au sein des BRICS. Les discussions devraient porter sur des projets visant à accélérer l’innovation et à développer des alternatives aux grands acteurs occidentaux dans des secteurs tels que l’énergie, les technologies vertes, et même l’intelligence artificielle. Les pays membres aspirent à construire un système financier indépendant, avec l’idée potentielle d’une nouvelle monnaie commune pour les échanges intra-BRICS. Mais ce projet, bien que séduisant en théorie, me semble difficilement réalisable tant les intérêts économiques et les systèmes financiers de ces pays diffèrent.

Il est également crucial de souligner que les questions écologiques devraient occuper une place de plus en plus importante dans les discussions, surtout après les appels internationaux à une transition énergétique. Cependant, des divergences pourraient apparaître sur la manière d’aborder ce sujet. Alors que la Chine et l’Inde sont en pleine expansion industrielle, l’Afrique du Sud et le Brésil mettent en avant les défis de la préservation de leurs ressources naturelles.

D’après mon observation pour RAW Press, je ne peux ignorer les défis titanesques que ce sommet devra affronter. Si, d’un côté, les BRICS apparaissent comme une alternative crédible au G7, leur cohésion interne est encore fragile. Les divergences stratégiques, les rivalités économiques et la tentation de la Chine de jouer un rôle dominant pourraient freiner les ambitions d’un bloc homogène.

Finalement, ce sommet des BRICS 2024 sera une nouvelle étape dans la tentative de restructuration de l’ordre mondial. Cependant, si les décisions prises sont ambitieuses, leur mise en œuvre risque de se heurter aux réalités politiques et économiques des différents membres. L’avenir des BRICS dépendra de leur capacité à dépasser leurs divergences pour proposer un front uni face à l’Occident.